Je
m'appelle Neité Décimus et je suis un prêtre du vodou. Je suis originaire
d'Haïti, le pays ou j'ai grandi. Maintenant je vis aux états unis dans l'état de
Massachussetts. Je suis anthropologue et j'ai fait des études supérieures en
Education avec une spécialité en psychologie. Je parle couramment l'anglais,
le français, le créole haïtien et l'espagnol.
Ma
première révélation en rapport avec le vodou fut par le biais d'un rêve quand
j'avais simplement 12 ans. Dans cette vision une femme m'avait révélé que je
devais me préparer à servir les lwas et œuvré comme prêtre du vodou dans un
futur proche.
Ce
rêve m'avait paru très drôle et m'avait laissé totalement confus. Je parlai
là-dessus à mon feu père, avec qui j'entretenais une excellente relation et je
lui fis le récit de mon rêve. Comme prêtre du Vodou lui-même, il savait
comment interpréter les rêves et aussi faire des choses qu'un prêtre vodou est
sensé savoir faire. Apres m'avoir écouté attentivement, il fit peu de cas de
mon rêve. Il était trop préoccupé à inculquer les disciplines du vodou à un
de mes frères et mon frère était aussi le choix de prédilection de mon père pour
lui succéder.
Cependant, ce ne fut pas le dernier rêve prémonitoire que j'aurais. Je me
souviens de ce fatidique 18 Juillet 1981 où j'eus mon second étrange et
effrayant rêve. Un homme m'est apparu dans mon rêve et m'a dit que j'aurais une
grande brulure, après un incendie de maison. La personne m'avait aussi révélé
qu'après je serais complètement guéri de cette brulure. Très peu de temps
après, à la suite d'un incendie dans une cuisine j'avais été brulé (une
brûlure de second degré)
dans un incendie d'une cuisine de chez moi. A cet instant je me sentais très mal
au point où j'étais sur que si même je survivais, j'aurais des horribles
cicatrices sur mon corps. Je savais aussi que comme c'était prédit dans mon
rêve que je serais guéri complètement. Mes blessures se sont cicatrisées
après, sans laisser de marques. Plus tard je racontai à mon père que le rêve
s'était matérialisé mais malgré tout, il ne voulait pas accepter le fait que
c'était peut être mon appel. Quand aujourd'hui je fais une rétrospection, je
ne peux pas blâmer mon père pour avoir accordé peu d'importance à mon rêve.
C'était normal pour des gosses de 12 ans d'avoir des fantaisies et tout pouvait
attirer l'attention d'un gamin. Durant toute la durée de ma convalescence, je
continuai à avoir des rêves où le message était clair que je serais le
successeur de mon père. Malgré tout, mon père continua à faire le sourd
d'oreille et à faire peu de cas des signes fatidiques.
Avec
le support inconditionnel et continu de ma famille, je terminai mes études
secondaires et je commençai mes études universitaires avec l'intention
d'obtenir une License en sciences juridiques. Tout allait pour le mieux dans ma vie,
j'étais matériellement satisfait et je vivais pleinement ma vie. Mais par
l'étrange hasard ou par coïncidence je me retrouvai involucré dans le
vodou.
Sans
vraiment savoir comment commença mon initiation, un beau jour je commençai à
pratiquer le vodou et à aider des gens qui en avaient besoin. C'était
naturel, et je savais que je pouvais aider des gens à se tirer de leurs
grandes difficultés. C'est à peu près mon baptême de feu dans la pratique du
vodou.
Je me
suis rendu aux les Etats unies en 1997 pour étudier la Criminologie. De là, j'eu
un autre rêve dans lequel quelque chose qui me reconduisait en Haïti pour parler
à mon père. Je m'excuse de ne pas pouvoir donner plus de détails sur ce rêve en
particulier. Ce rêve particulier amènerait mon père à accepter le fait que je
devais subir les épreuves du vodou et marcher dans son sillon comme prêtre du
Vodou ou de lui succéder. Il m'expliqua ce que signifiait être prêtre du vodou,
les implications et les sacrifices auxquels il fallait faire face dans ce
chemin. J'écoutai attentivement et pris la décision de suivre ce chemin. Après
cet épisode, je retournai aux états unis pour terminer mes études et de la, la
opter pour étudier l'anthropologie.
En
Aout 2001, j'ai reçu une audiocassette contenant un message qu'il m'avait
acheminé par mon frère ainé. Dans ce message, il m'avait donné sa permission
et bénédiction pour que je puisse pratiquer le vodou. Il avait aussi fait
mention dans l'audiocassette qu'il sentait sa fin prochaine et qu'il allait
mourir. Il ne voulait pas que je retourne en Haïti, mais que je continue son
travail dans le social et le vodou. Mon père s'est rendu «ad patres», un beau
jour d'Octobre 2001.
Au
commencement, c'est difficile pour moi de parler de ma vie et de mon engagement
dans le vodou sans mentionner mon héro. Cet instructeur hors pair, ce
philosophe et penseur que mon père était. Son engagement dans le social et le
bien-être des gens lui donna la passion de vivre. Il fut mon professeur, mon
ami, mon support, mon mentor dans la vie. Je me souviens clairement des
conversations sur des sujets divers, sur la tolérance, l'avenir d'Haïti et
surtout l'importance de l'éducation. Il disait tout le temps que l'éducation
était le seul moyen de sortir des ornières de la pauvreté. Nous sommes issues
d'une famille nombreuse. Il nous incitait incessamment à marcher dans la bonne
voie et à nous assurer que tous les enfants reçoivent une bonne éducation.
Paradoxalement, lui, il pouvait à peine écrire son nom. Mais il était doué d'une
vision qui transcendait le temps. Il appartenait a une école rare et sa façon
de voir les choses qui présageait l'évolution éducative du people haïtien. Il
croyait qu'un jour nous aurions de meilleurs hôpitaux, plus de docteurs
haïtiens, des infirmières et infirmiers haïtiens, des politiciens mieux éduqués
pour gouverner Haïti et conduire le pays vers des lendemains riants. Comme
Houngan dans la communauté, il ne ratait jamais l'occasion de conseiller aux
parents d'investir dans l'éducation de leurs enfants. Le vodou était l'outil
unificateur de la communauté. Il utilisait ce moyen pour aider les gens à
lutter pour une meilleure qualité de vie.
D'après mon père, un vrai vodouisant est un adepte de la religion du vodou et
croit en l'être humain doit aussi investir de le développent de l'être humain.
Si selon "Legba" l'énergie coule verticalement, ceci implique qu'il revient à
l'homme de développer son environnement.
Mon
père, grand père et arrière grand père étaient tous des prêtres du vodou et
notre famille avait toujours eu cette affiliation avec les esprits et les lwas.
Ceci dit, toute la connaissance que j'ai obtenue du vodou m'a été transmise par
mon père. Mon initiation dans cette religion ou dans cette forme de vie a
toujours été centrée autour du pourquoi des choses. Il m'expliquait pendant des
heures le pourquoi des rituels et aussi la nature des esprits. Pour lui les
esprits (les lwas) sont vecteurs d'énergies de différents types. Mon initiation
dans le vodou a été faite par et avec la connaissance des énergies et de comment
ils opèrent.
Pour
conclure, comme vodouisant, je pense que nous avons besoin de techniciens de
techniciens qualifies pour aider dans le procesus de développement d'Haïti. Et
pour ce faire, nous devons apprendre à aimer et a honorer nos semblables.